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Edition – Directrice de collection

A la recherche d’une trace

Lorrina B. dans son bureau avec en fond le livre : La danse dans le monde et une image en première de couverture sur l’œuvre de Jan Fabre. Photo Eva Ibañez Lago.

C’est dans ce contexte très favorable et dans un souci de laisser une trace à propos de ce qui n’en a par définition que très peu, la danse, que Lorrina créera et dirigera une collection d’ouvrages littéraires sur l’art chorégraphique publiés en coédition avec différentes maisons d’édition.

Un titre à thème: Le Corps Provisoire (1992) signé par Jean Rouch, Michèle Finck, Bernard Rémy, Christian Delacampagne, Isabelle Ginot.

Ce livre permet de comprendre des perceptions de la danse qui s’émettent depuis des aires de réflexion et de connaissance différentes et complémentaires telles que l’ethnographie, la poésie, le cinéma, la philosophie et la chorégraphie et comment coexistent entre elles ces sensibilités.

Jean Rouch se souvient de l’époque des Zaxous. Au passage il narre la naissance des Hot Dance Club survenue à Paris durant la Seconde Guerre Mondiale alors que la danse était interdite à Paris et raconte enfin comment et pourquoi il deviendra ethnologue et cinéaste à la fois. Son Panthéon contient des artistes tels que Anna Pavlova, Vaslav Nijinski, George Gershwin, Harry James, Arthur Rimbaud, Louis Aragon, André Breton, Serge Lifar, Marcel Marceau, Katherine Dunham, Carolyn Carlson, Merce Cunningham, Fred Astaire, Charly Chaplin

Michèle Finck (professeur de littérature comparée) et sa savante approche poétique de la poésie des choses et de la présence du corps dans la poésie. L’époque, écrit-elle dans son texte, Jai mangé du tambour et bu de la cymbale, cherche à conjurer la crise de la poésie en convoquant à nouveau les grands modèles consanguins de la musique et de la danse. Comme si le mal dont souffre la poésie pouvait se dissiper au contact de la musique et de la danse… (…) puis d’ajouter que pour que la danse cesse d’être sacrilège, il faut que la danseuse ne soit pas perçue comme un corps mais comme une métaphore. Pour Mallarmé, écrit-elle en se référent à une analyse de Jean Starobinski qu’elle cite, la danse est (…) le texte mouvant d’un discours silencieux parlé par le corps, mais dans lequel le corps s’abolit.

Bernard Rémy est auteur d’ouvrage sur le cinéma et sur la danse, chargé de cours au Collège international de philosophie et collaborateur à la cinémathèque de la danse. Dans le chapitre dont il est l’auteur : Lumières, son rapprochement entre Merce Cunningham et Jacques Tati est des plus originaux. (…) Les personnages de Tati remarque-t-il, sont modelés de pliures, les danseurs de Cunningham accèdent à la vitesse des pliures. Espace sans droiture : la fantaisie est au cœur de l’œuvre de Tati, la fantaisie est toujours à l’horizon de l’œuvre de Cunningham.

Christian Delacampagne, philosophe, à nommé son écrit : L’amour du remuant. Il y évoque le talent particulier d’un Degas qui, politiquement réactionnaire, notoirement antisémite et misogyne devient, selon lui, le facteur déclenchant d’une peinture qui invente son espace auprès de celui de la photo en relevant le défi que suppose celle-ci. Puis il considère Degas avec Toulouse Lautrec. Le premier trainant dans les coulisses de la danse classique et le second passant son temps dans les cabarets et les bals populaires. Pourtant Toulouse Lautrec sera l’un des premiers à s’être intéressé au travail de Loïe Fuller(1862-1968) qui se produisait aux Folies Bergères. En même temps, précise l’auteur en se référent au « style fin de siècle » et à «l’art nouveau », ils annoncent la naissance de la danse moderne à laquelle, aux alentours de 1900, vont présider deux jeunes américaines : Isadora Duncan (1878-1927) et Ruth Saint Denis (1878-1968).

Isabelle Ginot signera un écrit presque intimidé par les questions que lui pose l’art de la danse qu’elle intitule La peau perlée de sens. Elle y évoque Odile Duboc, Dominique Bagouet, Karine Saporta, Anne Teresa de Keersmaker, Merce Cunningham, et de conclure que le corps qu’elle voit dans la présence dansante des corps des interprètes est celui de l’auteur de l’œuvre. Et d’écrire : l’auteur, dépossédé de son œuvre, avoue finalement sa possession des corps auxquels il la confie. De l’invisible, des strates indéchiffrables d’histoire dont chacun est fait, et qui le distingue de tous, l’auteur tord l’autre en un autre lui-même. Son corps, absent, hante l’œuvre où mon regard le reconnaît.

Auteur du livre : Alain Mesnil : en relation avec la conférence sur le sida organisée par Alain Buffard « Toutes les 14 secondes ». Ouvrage édité par Les Belles Lettres.

Et  quelques titres monographiques dont : Régine Chopinot, Karine Saporta, Odile Duboc, Angelin Preljocaj, Claude Bricage &  Maguy Marin, Geneviève Stephenson & Claude Danteny ainsi que Jan Fabre.

Qui représentent des auteurs et des interlocuteurs tels que : Jean Bollack, Jean Rouche, Peter Greenaway, Ismaïl Kadaré, Bernard Noël, Hélène Cixous, Daniel Dobbels, Bérénice Reynaud, Emil Hrvatin, Brigitte Polino-Neto, Jacques Baillon, Rosita Boisseau, Hervé Gauville, Pierre Lartigue, Roger Eskenazi, Rosella Hightower, Roman Polanski, … avec les éditions Armand Colin.

Puis, avec les éditions Les Belles Lettres, la publication de 6 Beaux Livres qui présentent les artistes invités en France à l’occasion de chaque édition des Rencontres confiant l’analyse des œuvres à des auteurs reconnus, sollicitant la collaboration de photographes de renom. Pour les auteurs : Jean-Paul Dollé, Paul Virilio, Pierre Gaudibert, Maurice Godelier, Philippe Le Moal, Marcelle Michel, Antonio Pinto Ribeiro, Johannes Odenthal, Bonnie Bird & Chris de Marigny, Gil Mendo, Catherine Shan N’Diaye, Marie-Florence Heret, Gaby Aldor, Daniel Sibony, Raimund Höghe, Gilles Grand, Rachid Boudjedra, Hubert Haddad, Ricardo Basualdo, Dragan Klaíc, Ruth Barns, Geneviève Vincent, Yadh Ben Achour, Abdallah Bounfour, Rosita Boisseau, Laurence Louppe, Raphael de Gubernatis, Brigitte Lefèvre, Susan Buirge, Antoine Casanova, Yves Jouan,  ; pour les photographes :  Gilles Abegg, Françoise Ha Van, Joël Lumien, Bernd Uhlig, Marc Pateaut, Geneviève Stephenson, Chris Nash…

Coédition hors collection, 2 titres  avec les Éditions Plume : traduction par Denise Luccioni de Merce Cunningham : un demi siècle de danse (1997) et Bob Wilson a cura di F. Bertoni, F. Quadri, R, Stearns (1997).

> Document : Edition

> Document : Sains et saufs d’Alain Menil aux Editions Les Belles Lettres